L'analyse d'Eneffic sur les prix négatifs de l'électricité
19 décembre 2024
La note de synthèse publiée en novembre 2024 par Jérémy Seront, président d'Eneffic, met en lumière l’évolution des prix négatifs sur le marché de l’électricité en France, un phénomène amplifié depuis 2023.
Ces épisodes traduisent un déséquilibre structurel entre production et consommation, principalement dû à la variabilité des énergies renouvelables (solaire et éolien) lors des périodes de faible demande.
Qu’est-ce qu’un prix négatif ?
Les prix négatifs sur le marché de l’électricité se produisent lorsque l’offre dépasse largement la demande, obligeant les producteurs à payer pour écouler leur production excédentaire.
Ce phénomène, souvent accentué par les énergies renouvelables variables comme le solaire et l’éolien, survient généralement lors des périodes de faible consommation (nuits, week-ends ou jours fériés).
Pourquoi ces prix négatifs posent problème :
Au-delà des simples déséquilibres, les prix négatifs engendrent plusieurs défis majeurs :
- Pertes financières pour les producteurs : Ces prix impactent la rentabilité des installations, en particulier celles des énergies renouvelables bénéficiant de soutien public.
- Instabilité du réseau électrique : Les écarts entre production et consommation menacent la stabilité globale du système.
- Charge accrue pour les finances publiques : Le soutien aux énergies renouvelables devient plus coûteux face à ces anomalies.
Les recommandations de la CRE : changer pour réguler
- Incitations à réduire la production en cas de prix négatifs :
- Abaissement du seuil pour le complément de rémunération à 200 kWc.
- Encourager l'arrêt volontaire des installations concernées.
- Intégration accrue des EnR dans le système d’équilibrage :
- Obliger les installations soutenues à programmer leur production.
- Renforcer leur participation aux mécanismes d’équilibrage du réseau.
- Optimisation de la flexibilité et du stockage :
- Développer des outils pour mieux stocker l'énergie excédentaire.
- Promouvoir des usages alternatifs comme l'électrolyse pour produire de l’hydrogène.
Une transition énergétique mieux maîtrisée
Ce changement vise à :
- Favoriser l’autoconsommation totale : Réduire la dépendance à la revente et encourager une consommation locale.
- Améliorer la compétitivité des appels d’offres : Réorienter les soutiens vers des projets plus petits et mieux régulés.
Pourquoi les projets de 200 à 500 kWc se retrouvent dans une zone d’incertitude :La réduction du seuil d’éligibilité au complément de rémunération crée une situation complexe pour les projets de taille intermédiaire.
Ces projets se retrouvent écartés du cadre des appels d’offres pour plusieurs raisons :
Fin du soutien public adapté : Les projets de 200 à 500 kWc ne peuvent plus bénéficier des mécanismes actuels d’accompagnement, tels que les tarifs d’achat ou les compléments de rémunération. Cela limite leurs sources de financement sécurisées.
Rentabilité compromise : Sans soutien, ces projets doivent trouver leur équilibre financier sur le marché libre, où les fluctuations des prix de l’électricité augmentent les risques économiques.
Réduction de la compétitivité : Ces projets, ni assez petits pour l’autoconsommation totale ni assez grands pour profiter des économies d’échelle, peinent à se positionner face à des installations plus compétitives sur le plan économique.
Pousser à la modularité pour une gestion plus stricte
La CRE insiste également sur la nécessité de modularité dans la gestion des installations photovoltaïques. En renforçant le contrôle sur la production et la consommation, il devient possible de mieux réguler les excédents d’énergie et d’éviter les périodes de prix négatifs.
Cela inclut des solutions comme le stockage de l’énergie ou la programmation précise des productions pour répondre aux besoins réels du réseau.
Maintenir le soutien public à la transition énergétique
Enfin, la CRE met en garde contre une baisse des aides, primes, et soutiens publics qui jouent un rôle essentiel dans le développement des énergies renouvelables. Réduire ces incitations risquerait de freiner les investissements dans les infrastructures nécessaires à la transition énergétique.
Un engagement durable des pouvoirs publics est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques tout en assurant la compétitivité économique des projets EnR.
La note de synthèse d’Eneffic s’inscrit dans une vision stratégique de la transition énergétique française. Elle vise à réduire les pertes économiques liées aux prix négatifs tout en renforçant la stabilité du réseau et l’intégration des énergies renouvelables.
Une gestion proactive et une collaboration étroite entre acteurs publics et privés seront nécessaires pour réussir cette transformation ambitieuse.
Pour avoir accès à la note de synthèse veuillez cliquer sur ce lien.